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Ire, Irrespect et 1er degré
28 décembre 2008

Et si une autre télé, c'était moins de télé?

800 millions d’euros en moins à cause de la suppression de la publicité. Un budget raccourci suite à une idée balancée en coup de vent dans une intervention élyséenne. De suite, la gauche est montée au créneau : destruction du service public, cadeaux publicitaires à l’ami maçon… Le projet de loi s’étoffe alors et on voit apparaître la nomination du président de France Télévisions par le président, l’autorisation d’une deuxième coupure publicitaire pour les chaînes privées au milieu des films diffusés. Encore une fois, la gauche, ralliée par une partie de la droite et raillée par l’autre, dénonce l’autoritarisme gaullien façon ORTF de Nicolas Peyrefitte. Elle dénonce aussi la même logique qui prévaut à l’OMC, celle de la marchandisation de la culture, à travers la surexploitation commerciale et la perte de lisibilité des films sur petit écran.

 Cependant, il est une chose que la gauche oublie : elle aussi préconisait la suppression de la publicité dans ses programmes de campagne de 2007. Sauf que c’est le président qui le fait… Donc opposition. Et si…

 Et si la suppression de la publicité et la réduction des moyens de France Télévisions étaient les mesures les plus belles de la droite contre son propre travail d’abrutissement des masses ? Comment compenser une perte de 800 millions d’euros de budget ? En supprimant des temps d’antenne. Emettre la nuit, même des émissions enregistrées, ça fait travailler des salariés !! Est-ce la garantie d’une vie saine, d’une vie familiale épanouie ? Pas sûr. Et proposer de la télé à n’importe quelle heure et ne pas encourager les citoyens, les travailleurs à s’émanciper par eux-mêmes, à faire des activités où ils en sont les acteurs centraux, c’est ça le progrès ? Soutenir à outrance le service public quand celui-ci se soumet à des professionnels de l’immondice télévisuelle dont les émissions trouveraient bien moins leur place sur France Télévisions que dans un récipient qui doit son nom à un ancien préfet parisien ? Courbet, Delarue, Dumas, Hondelatte, c’est ça un service public de qualité, c’est ça qu’il faut défendre face au président? Et si la réduction du budget n’était pas le moyen d’interroger la politique et les orientations de France Télévisions ? Il existe un nombre incalculable de jeunes ou de moins jeunes, plein d’entrain, de projets. On pourrait se séparer des grandes stars qui coûtent plus cher qu’elles n’apportent et ainsi miser d’abord sur la jeunesse, la motivation. On peut très bien rechercher un service public qui permet la détente, le divertissement, l’apprentissage, l’échange, la découverte, la curiosité, bref tout ce qui constitue l’émancipation de l’homme par rapport à l’aliénation au capitalisme qu’il subit au travail, dans la recherche d’un logement, en faisant ses courses… La télé doit et peut devenir une bouffée d’oxygène pour regarder le monde avec plus de lucidité et d’espoir, pas un refuge pour s’en couper et se cacher dans des mondes parallèles, dans des séries américaines ou dans un voyeurisme ventripotent et exhibitionniste qui flatte le bas intérêt de la fameuse ménagère tant recherché. D’ailleurs, est-ce vraiment progressiste de cautionner, par cette défense sans questionnement critique du service public, cette recherche sexiste et machiste d’un idéal télespectatoriel de femme au foyer élevant ses gosses pendant que le mari travaille ?

 Défendre un service public de la télévision, vouloir un budget à la hauteur de l’ambition qualitative affichée, d’accord. Ne pas vouloir engager un débat sur une télé modérée et qui laisse sa chance à la qualité, c’est refuser d’ouvrir les yeux sur les choix critiquables et critiqués d’un P. de Carolis qui n’hésite pas à financer, avec nos impôts, « Service Minimum » ou des émissions avec Max Gallo…

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